Né de l'ingéniosité de Pierre-Paul Riquet, un percepteur de la gabelle en Languedoc, le Canal du Midi a permis à l'économie française du XVIIe siècle, qui reposait essentiellement sur le commerce maritime, de prendre son envol. L'un des travaux les plus fastidieux était la réalisation des écluses de Fonserannes, la porte d'entrée de Béziers, un autre défi majeur avec lequel il fallait franchir un dénivelé de 21,5 m sur une distance de 312 m. À la fois classées au titre des monuments historiques et inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, les écluses de Fonserannes nous font part de leurs attraits dans les quelques lignes qui vont suivre.
Les écluses de Fonseranes, un patrimoine, une histoire
Le projet de construction du Canal du Midi a été entrepris pour des raisons d'ordre politique et économique. En effet, un canal faciliterait directement la liaison de l'Atlantique et de la mer Méditerranée, ce qui éviterait ainsi les bateaux français de passer par le détroit de Gibraltar, à l'époque, contrôlé par les Espagnols. En plus, il était plus facile de gérer le débit d'un canal, plutôt que celui d'un fleuve. La régularité du trafic en dépendait. Approuvé par le roi Louis XIV, le projet a commencé en 1666 sous la responsabilité de Pierre Paul Riquet.
On ne peut pas écarter l'idée qu'en voulant faire honneur à sa ville natale, l'ingénieur Paul Riquet fit construire les écluses de Fonserannes. Mais d'un point de vue technique, il fallait résoudre le problème de la descente du Canal du Midi vers Béziers. La construction d'une enfilade de 8 écluses et de 9 portes permettait ainsi aux bateaux de se retrouver à la hauteur de l'Orb et de franchir un peu plus en aval pour rejoindre le Canal sur l'autre rive.
Bien avant que les travaux à Béziers n'aient été achevés, Pierre-Paul Riquet mourut en 1680, laissant alors à La Feuille, un ingénieur du roi, le soin de terminer l'ouvrage en 1681.
Cet escalier d'eau est un ouvrage occitan unique en son genre
En 1854, lorsque la traversée dans le lit de l'Orb a été jugée dangereuse pour les bateaux, la construction d'un pont-canal a donc été entreprise. Il fallait désaffecter le dernier bassin se trouvant en aval et transformer l'avant dernier pour laisser passer les bateliers afin qu'ils rejoignent le pont-canal.
Aujourd'hui, même s'il ne reste plus que 6 bassins et 7 portes en activité, l'échelle d'écluses de Fonserannes fait le plus grand bonheur des touristes. À bord d'une péniche, les voyageurs sillonnent les bassins en escalier pour voir de près cet ouvrage incomparable. Les moins téméraires préfèrent l'apprécier depuis les rives en prenant quelques clichés en guise de souvenir. Outre la pente d'eau construite dans les années 80, l'ensemble du patrimoine est composé de la maison de l'éclusier, des écuries et d'une coche d'eau.