Fondée en 1138 par le Vicomte de Béziers, Raymond Trencavel, l'abbaye de Valmagne se situe dans la commune de Villeveyrac, dans l'Hérault. Ce fut l'année suivante que l'Abbaye a été reconnu par l'évêque d'Agde. À ses débuts, l'abbaye suivait la règle de l'ordre de Saint-Benoît. Et comme toute communauté en voie de développement, elle était tout d'abord attachée à l'abbaye mère Notre Dame d'Ardorel. L'abbaye était idéalement bien placée, puisqu'il y avait à proximité une source. Très vite, en 1145, l'abbaye fut rattachée à l'Abbaye de Bonnevaux. Ce qui était pour elle une étape assez mouvementée à cause de la diversité d'opinions. Le fondateur en personne ne voulait pas que l'Abbaye se détache d'Ardorel et de Cadouin, mais finalement elle est affiliée à l'ordre de Cîteaux.
Jusqu'au début du XIVe siècle, elle fut l'une des abbayes de l'ordre cistercien les plus riches de la partie sud de la France. Les moines ont su établir une bonne relation avec les nobles de la localité. Elle recevait ainsi régulièrement des donations, ce qui lui a poussé à créer des granges qui renfermèrent différents types de récoltes : céréales, raisins, produits de la laiterie, etc. Parmi les granges, on peut citer celles de Marcouine, Mèze, Vayrac, Saint-Martin-de-la-Garrigue et Crès. Mais l'Abbaye était également en possession de plusieurs moulins, de maisons et de vignoble. La rénovation de l'église au style gothique témoignait aussi de cette période d'expansion.
Après cette période de prospérité, la guerre de Cent Ans était l'époque de malheur pour tous y compris pour l'Abbaye de Valmagne. Mais la peste noire a également apporté son lot de dévastation en 1348, ce qui a entraîné la mort de plusieurs moines. Vers 1478, les guerres de religion ont presque dévasté l'abbaye. Mais le pire était arrivé, depuis l'attaque des Huguenots en 1575, les structures ont été ravagées et malgré l'arrivée d'autres moines qui voulaient rétablir la gestion interne, l'abbaye a été finalement abandonnée, et cela a duré plus de 40 ans.
Ce n'est que deux siècles après que des moines sont revenus à Valmagne pour la restaurer. Dirigée par l'abbé, le cardinal Pierre de Bonzi, l'Abbaye a été complètement rénovée afin de retrouver sa splendeur d'antan. Mais la Révolution française vint détruire à nouveau les structures. Plus tard, l'État a confisqué l'édifice, mais aussitôt il a cédé le bien en 1791 à Mr Granier-Joyeuse. Sans doute, parce que l'entretien était couteux que ses héritiers cédèrent à nouveau l'édifice en 1838. Le dernier propriétaire était le comte de Turenne.
Témoin actuel de nombreuses animations culturelles, l'Abbaye de Valmagne resplendit tout en gardant les marques de ses époques agitées. Classée dans la liste des monuments historiques depuis le 11 avril 1947, elle fait aujourd'hui la fierté du Languedoc Roussillon.